Si j'étais...
Si j'étais un frisson, je suivrais le cours d'eau, voile au vent et cœur léger. Je glisserais jusqu'à ce coude, là-bas, derrière le saule et je découvrirais des taillis bruns à peine égayés par les chatons clairs des noisetiers. Admirative, je caresserais le lierre ruisselant le long des arbres, je savourerais la blancheur lumineuse des troncs des bouleaux.
Si j'étais un murmure, je me glisserais jusqu'au bout du paysage, là où règne le silence, à l'abri des regards, loin des échos de la ville. Pleine de sagesse, je m'emplirais de la présence silencieuse et paisible des arbres, de la sérénité du ciel, et je m'épanouirais comme une feuille au printemps.
Si j'étais une fragrance, je goûterais avec délices la tiédeur du soleil hivernal, le parfum du jour qui s'achève. Sensuelle, je me coulerais le long des cailloux et des branches, le long de l'onde et de l'instant, saisissant chaque courbe, effleurant chaque creux, expirant d'aise jusqu'à la lie.
Si j'étais une chanson, je m'abreuverais du chant des oiseaux et du chuchotement de l'eau. Je sifflerais quelques notes à la mésange charbonnière, je résonnerais de l'écho des pics épeiches. Exaltée, je m'envolerais dans le bruissement des plumes et je rêverais du chuchotement des nuages.
Si j'étais un souffle, j'écouterais le pouls de la terre, le chant de l'univers. Émerveillée, je plongerais dans leur lumière si belle, et je renaîtrais à l'instant, le cœur en fête.
Si j'étais poétiste, je vous dirais que je suis tout cela...
Rêverie du 14 février 2019