À la recherche du temps perdu
Un jour d'été, à Lunel, je me suis promenée, à la recherche du temps perdu.
Suivant la route au creux des champs, j'ai glané la poésie des fleurs sauvages, tantôt posée sur le blanc velouté des compagnons blancs, tantôt jouant dans la lumière nimbant les chicorées.
Parfois révélée par l'étincelle argentée d'une graine de chardon, ou encore sagement endormie dans le cœur bienveillant d'une marguerite.
J'avais rencontré la poésie, mais je n'avais pas encore trouvé le temps...
Un chardon à la crête violette m'a indiqué d'où venait le vent.
Tourne la girouette, tourne le vent.
Vent du nord et vent du sud ont déposé un époustouflant Grand Porte Queue et un incroyable sphinx.
Sur les ailes du vent d'est, un mignon bourdon cul-rouge est arrivé .
J'ai continué ma route, elle m'a menée jusqu'à une porte, celle du temps.
J'ai frappé, la porte s'est ouverte. Le temps était là, s'étirant voluptueusement en longueur, en largeur et en lenteur, dans une horloge tranquille et ronronnante.
Comme il était moins le quart, il était encore temps. De prendre le temps, sans forcément l'arrêter ni le laisser filer. Alors j'ai pris le temps, le temps de regarder l'oiseau sur le toit. Pigeon vole ou ne vole pas, mais je te vois, immobile sur le faîte du toit, l'air goguenard, à me regarder tenter de saisir le temps...
Un papillon s'est posé devant moi, les ailes sages et l’œil serein. Il m'a longuement regardée, sans rien dire.
Son silence clair et profond m'a offert une des clés du temps, celle de l'instant présent.
J'y ai goûté, c'était savoureux !
Lunel, promenade du 19 août 2018