La rondeur de la pluie

Publié le 5 septembre 2022 par Isabelle, émerveilleuse

Le ciel est gris tout doux, avec des frissons bleutés qu'on dirait tracés au pinceau. Quelques trouées blanches, plus lumineuses sont éparpillées au hasard.

Dans l'air frais du matin flotte une note de tranquillité, comme si après le long été de soleil ardent tout se posait dans une respiration profonde.

Sensation d'un espace plus grand, qui ne demande qu'à s'ouvrir davantage, dans un déploiement moelleux et confortable.

Sous le gris du ciel, les verts des feuillages sont éclatants, intenses, je m'en délecte.

Soudain, le murmure de la pluie. Léger crépitement que j'entends juste avant de recevoir les premières gouttes sur mon visage.

Quelques secondes. Juste le temps d'embrouiller l'eau du ruisseau de quelques jolis ronds poétiques.

Puis, le crépitement cesse, remplacé par un silence rempli de grâce. Une rondeur qui dit que tout est bon et bien comme ça. Il y a là comme un merci, plein et juste, pour ces quelques gouttes bienfaisantes, ce bain de douceur.

Dans les hautes branches des saules, un léger frémissement fait chuchoter les feuillages.

Alors la pluie recommence, très légère puis s'intensifie avant de s'arrêter brusquement, et seul demeure le crissement de mes chaussures sur les graviers du chemin.

Je songe...

Je songe à tous les ciels gris que je regarde trop souvent d'un mauvais œil, que je n'écoute pas assez... Pourtant, je sais qu'ils sont emplis de murmures ne demandant qu'à se déployer pour se faire entendre. Des murmures qui répètent inlassablement que chaque chose a deux faces. Que les ciels gris ont autant d'intérêt que les ciels bleus, sinon plus, quand on veut cheminer vers soi. Qu'en plongeant dans le gris, je peux découvrir des couleurs inespérées et trouver d'incomparables perles de pluie.

Je songe à la rondeur de la pluie, et je souris.

Promenade du 2 septembre 2022