Dans l’œil de la corneille
Sous le ciel bleu où glissent parfois quelques nuages, il y a le pré aux chevaux, entouré de barbelés sur lesquels quelques crins sont restés accrochés.
En bas du pré aux chevaux, s'étend le champ des oiseaux, royaume des pigeons, terrain de chasse des pies, aire de repos des corneilles.
Derrière le champ des oiseaux sinue le chemin de Trousseau, bordé de haies sauvages, énormes et hirsutes, où se cachent mûres noires et cynorhodons rouges, où se blottissent quelques fleurs lumineuses.
Au milieu des haies se dressent de grands arbres, des chênes, des peupliers, des charmes, des robiniers, des saules, des bouleaux...élancés ou trapus, jeunes ou vénérables.
De ces arbres jaillissent des feuilles d'or et de topaze polies par le vent, serties par le ciel.
Par-dessous ces feuilles dansent des branches, certaines aux allures de sorcières noires et crochues, d'autres aux allures d'enchanteresses aériennes et délicates.
Sur une branche de robinier, une corneille noire s'est posée, attendant un signe du vent pour repartir.
Dans l’œil de la corneille, brille la vie, ardente et fragile, magnifique et éphémère.
Au cœur de la vie naissent les nuages, les chevaux, l'herbe du pré, les oiseaux, les mûres et les cynorhodons, les arbres et les feuilles, la corneille, le vent … et la poésie.