La beauté dépouillée de l'hiver
Une belle journée d'hiver.
Qui a déjà un petit quelque chose de printanier.
Un souffle imperceptible de renouveau.
Pourtant, l'hiver est posé là, tant dans les ramures dénudées des arbres que dans l'indolence du soleil bas sur l'horizon. Généreux dans sa beauté dépouillée.
Je marche lentement, m'imprégnant de ces lieux que je n'ai pas fréquentés depuis des semaines, saluant les arbres et les buissons, le ramage des oiseaux et même le chemin que je foule. Les retrouvailles sont délicieuses !
Curieusement, je perçois dans les criaillements incessants des mouettes, nombreuses sur le plan d'eau, une sorte de constance apaisante, un gage réconfortant de solidité.
Les feuillages défraîchis des roseaux murmurent sous l'effet d'une brise légère. Un baiser du vent qui me ravit le cœur.
Sentinelles immobiles, les cardères gardent les rives : j'admire leur vaillance.
Un peu plus loin, un héron, immobile. Alors que je m'approche, il s'envole. Dommage !
Je salue le lierre qui mûrit patiemment ses baies afin de les offrir bientôt aux oiseaux affamés.
Bonjour aussi aux peupliers s'étirant vers le ciel.
Une pluie de tambourinements attire mon attention sur un arbre : voilà une sitelle torchepot ! Elle cherche de la nourriture dans les fissures du tronc. Vive, rapide, difficile à photographier !
Puis je m'assois sur un banc. Temps d'arrêt. Pour me conjuguer davantage au présent. A l'instant.
Je me sens bien, à m'éblouir des pétillements joyeux du soleil sur l'eau frissonnante.
Trois mouettes et deux foulques dansent sous mes yeux un ballet aquatique tout à fait inopiné .
C'est bon d'être là, à côté des arbres et de l'eau, dans cet espace-temps où je me sens profondément reliée à la nature. Tout est si beau !
Les samares des érables, pendues en grappes, telles des papillons frileux cherchant chaleur et compagnie ;
Le vert prairie d'une boule de gui, égayant le branchage brun d'un saule ;
Les strobiles, petits cônes ornant gracieusement les branchages aériens des aulnes ;
Les akènes plumeux des clématites rêvant du jour où le vent les emportera vers de nouveaux horizons ;
La feuille alanguie, sublimée par les rayons dorés du soleil hivernal ;
Le tableau fantasmagorique offert par quelques branches épousant dans l'eau leur propre reflet.
L'hiver est une étape essentielle et magnifique dans le cycle de la vie : celle de la transformation, de la gestation, de la préparation d'un devenir. C'est dans le silence intérieur que l'on peut percevoir cette pulsation lente, profonde, qui murmure des possibles, qui inspire le commencement de quelque chose....
Promenade du 18 janvier 2021 au bassin du Petit Paris à Brétigny